Les programmes d’intervention contre la cyberviolence et le cyberharcèlement : quels moyens, quelle efficacité ?
Keywords
cyberbullying
cyberviolence
intervention programmes
evaluation
prevention
Publication details
Year: | 2015 |
DOI: | https://doi.org/10.4000/dse.843 |
Issued: | 2015 |
Language: | French |
Volume: | 33 |
Start Page: | 131 |
End Page: | 152 |
Editors: | |
Authors: | Blaya C. |
Type: | Journal article |
Journal: | Les Dossiers des Sciences de l’Éducation |
Abstract
Since research on the prevalence of cyberviolence and cyberbullying has showed evidence they were a genuine issue in the life of the young people, some intervention programmes have been designed and implemented. Some of these interventions have been scientifically evaluated. This paper presents a synthesis of these evaluations and hightlights the fact that if some programmes are effective in increasing the knowledge on risks related to the Internet, behaviours do not change significantly. Moreover it shows that some of the characteristics that were evaluated as being effective in reducing violence or school dropout are also part of the ones with a positive impact in reducing cyberviolence. It seems necessary to carry on evaluating the effectiveness of interventions to develop and improve evidence-based interventions.
Outcome
Les résultats de cette revue indiquent que si la plupart des interventions augmentent le niveau de connaissance quant aux risques en ligne et leurs conséquences, seulement quatre des dix interventions présentées semblent avoir un effet positif sur la cyberviolence (agression/victimation). Il s’agit de HAHASO (baisse de l’agression) ; MedienHelden (agression/victimation) ; ConRed (agression/victimation) ; Noncadiamointrappola ! (victimation). Les trois dernières montrant les résultats les plus probants. Ces programmes ont pour point commun de s’intéresser au développement des compétences sociales (empathie ; estime de soi ; entraide entre pairs) des bénéficiaires, de s’intéresser aussi bien au harcèlement qu’au cyberharcèlement ; d’être inclus dans le programme de l’établissement scolaire de façon formelle ; d’impliquer les élèves de manière active et d’inclure les enseignants et parfois les parents dans la démarche d’éducation à un comportement éthique et de diminution de prise de risques. De plus, ils proposent un pilotage/accompagnement par les chercheurs auteurs des interventions. Ces caractéristiques sont communes à celles identifiées comme efficaces dans le cadre de la prévention et de la lutte contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire par différentes méta-analyses (Ttofi & Farrington, 2009 ; Baldry & Farrington, 2009 ; Stacey, 2009 ; Ttofi & Farrington, 2011 ; Wilson & Lipsey, 2007 ; Wilson, Tanner-Smith, Lipsey, Steinka-Fry & Morrison, 2011). La sensibilisation à l’importance du rôle des pairs, en tant que témoins ou en termes d’augmentation de l’empathie joue un rôle important et n’est pas incluse dans les interventions qui s’avèrent peu ou pas efficaces. Ceci confirme les études précédentes sur l’importance du réseau social comme facteur de prévention (Salmivalli, 2001 ; DiBasilio, 2008). Ceci nous amène à penser qu’il existe un certain nombre de facteurs communs facilitant l’efficacité des interventions, quelle que soit la cible (délinquance, harcèlement, cyberharcèlement, etc.). Ceci est confirmé par deux autres études que nous n’avons pas incluses dans cette revue, car elles ne s’adressaient pas spécifiquement au cyberharcèlement, mais plutôt au harcèlement traditionnel. Il s’agit des études de Salmivalli, Kärnä & Poskiparta (2011) en Finlande pour le programme KiVa et de Gradinger, Yanagida, Srohmeier, Stefanek, Schiller & Spiel (2012) en Autriche pour le programme VisC (Viennese Social Competence). Si le cyberharcèlement n’était pas la cible des interventions, les auteurs ont évalué leur impact sur le cyberharcèlement et montré une réduction du phénomène sur le groupe de traitement. Ces deux interventions ont pour objectif la réduction des comportements violents par le développement des compétences sociales (empathie, confiance en soi, affirmation de soi, etc.), de l’aide entre pairs ainsi que l’implication active des témoins dans la protection des victimes. Il s’agit de leur faire prendre conscience du rôle qu’ils peuvent jouer et de les inciter à intervenir en leur proposant des stratégies afin d’aider les victimes. Ceci amène les auteurs à conclure qu’un programme d’intervention visant à réduire les problèmes de harcèlement traditionnels entre élèves lorsqu’il est efficace a un effet tout aussi positif sur la prévention du cyberharcèlement (Gradinger et al., 2011, p. 81). Ces résultats vont dans le sens des auteurs qui argumentent que le harcèlement qu’il soit en face à face, traditionnel ou dans le cyberespace n’est pas un problème d’outil, mais bien de valeurs et d’éducation aux risques et conséquences ainsi qu’à l’empathie (DiBasilio, 2008 ; Li, 2007).